Eboulement de notre fameux chemin
Nous nous sommes quittés sur une grande incertitude concernant le chemin et la poursuite certaine du projet à la maison pour tous.
Petit à petit nous réfléchissons à comment dépasser cet obstacle physique.
Sur place, nous avons dès lors communiqué avec les autorités compétentes.
Émotionnellement ce n’est pas évident, une route qui s’écroule a de signification très lourde qui remplis non seulement de doutes mais apporte aussi un lot d’insécurité, que ce soit pour le passage des habitants, la venue des enfants et notre propre facilité de circulation.
Ainsi Aristide et Chantal ont fait bouger le plus de tables possibles. À coups de téléphone, d’échanges avec des habitants qui pourraient partager nos préoccupations, nous avons œuvré pour recevoir de l’aide le plus rapidement possible.
En parallèle nous avons fait tourné les méninges pour trouver quelles pourraient être les solutions imaginables afin de reconstruire. Reconstruire un éboulement sur 3 mètres, ça nous paraît aussi envisageable qu’insurmontable. La théorie est évidente, nous pensons aux sacs de terre, aux pneus, à la construction d’un pont, mais la pratique d’un point de vue économique et ingénierie est un peu plus floue à ce jour.
La théorie: les capsules représentent les pneus pour créer un chemin. DISCLAIMER: Nous n'avons pas bu toutes ces bouteilles.
Les jours passent, le tri fait, nous recevons notre 1ere nouvelle réjouissante. Nous décidons alors, après une large communication téléphonique, de nous rendre mardi à la mairie.
Pleines de bonnnes volontés et positivités c’est d’un pas décidé que nous arrivons à l’étage administratif et nous nous retrouvons devant 4 portes fermées.
Comment est-ce possible, mardi, jour de consultation ouvert au public? Nous ne nous décourageons pas et redescendons avec la même énergie à la recherche d’un bureau ouvert.
En effet, c’est par la très grande porte de la salle de conférence où il fallait se rendre pour s’apercevoir que tout le personnel se trouvait en réunion.
A peine la tête passée, une jeune femme vient à notre rencontre. La secrétaire du maire nous reçoit alors avec un grand sourire et avec la 1ère bonne nouvelle. "Jeudi" , le personnel de l’open space center, se rendra sur place afin de constater et rapporter officiellement les dégâts au maire . Sourires jusqu’aux oreilles, nous ne pouvons nous empêcher de reformuler et demander confirmation .. ce jeudi à 7h, magnifique.
Nous partons vers la suite de notre journée avec plus de fougue qu’à l’arrivée. Nous ne cachons pas non plus notre étonnement, évidement nous espérions avoir une réaction rapide mais n’avons aucun visu sur les possibles autres incidents survenus dans la région suite aux fortes pluies.
Réconfortées que photos et messages aient été réceptionnés nous partons pour le renouvellement de VISA de Chantal. Autre suspens...
Nous décidons de rentrer à la maison après la recherche et la découverte de routes de traverses.
Dans ces collines il est vrai qu’il existe une multitude d’autres petits sentiers entre les champs et les maisons. Vertigineux et très peu sécurisés mais existants. En effet certains enfants s’y frayent facilement et trouvent le chemin de l'école.
La fréquentation a par contre drastiquement baissé, jeudi c’est à peine 5 courageux qui se rendent en classe. En contre partie, ce sont les autorités tant attendues qui sont absentes!
Ce n’est pas une grande déception car nous avions quand même une petite appréhension quant à leur venue. Mauvaises coordinations entre les équipes mais un retour téléphonique du maire révèle et relance le soutien rapide à une date ultérieure à définir.
Le lendemain c’est bien une 20taines de petits marcheurs sans peur qui viennent jouer et étudier à l’école. On en profitera pour faire plusieurs activités dont une séance de Yoga, chants et jeux.
Un groupe au Yoga et l'autre en jeux extérieur
S’en suit en interne, nos interminables discussions sur comment allons nous assurer un futur stable pour l’école. De plus, Éric rappelle que ce samedi est le dernier du mois, jour d’umuganda. Au Rwanda, l’umuganda est un rassemblement national citoyen consistant à réunir l'énergie du peuple afin de travailler ensemble sur tous travaux importants du secteur.
En effet c’est serré de retenir l’attention en si peu de temps, mais nous devons tenter après l’acte manqué du jeudi. Trêve de bavardage et de « il faut » nous décidons de nous rendre sur place afin de réaliser de nouveau l’ampleur des dégâts et de lister le matériel que nous pourrions employer et récolter.
Equipiers: Papa Olivier, le nouveau jardinier, Aristide le directeur, Éric le professeur, Fabrice, l’adolescent rebelle, Chantal et moi revêtions nos casquettes de chantier ou au moins un chapeau et quelques outils. Ni une, ni deux, Tetris et permaculture mixés, avec ce qui il y a déjà sur place nous commençons à aplanir cet amas de boues durcies.
Fabrice à la coupe de bananiers écroulés, papa Olivier et Aristide dans le portage de pierre et sacs de terre , Chantal en cheffe de chantier, Éric en photographe et Alaïs en assemblage nous plaçons où nous pouvons les restes des éléments laissés sur place par les fortes pluies.
Certains végétaux tels que les bambous et roseaux que nous sortirons des décombrent seront directement plantés, à la place des bananiers instables, le long du cours d'eau afin de maintenir et enraciner ce si fragile passage.
Cher bambou, retiens la terre s'il te plaît
Alors 3 heures à rendre un peu plus praticable cette catastrophe naturelle! Ce n’est clairement pas parfait et il faut quand même descendre et remonter dans le précipice pour traverser, mais c’est entamé avec le cœur. Premières pierres posées pour une suite prochaine des opérations avec plus de monde on l’espère.
Que ce soit au Rwanda ou dans un autre pays, il est toujours compliqué d’obtenir de rapides actions au niveau administratif.
Le Rwanda serait-il un bon exemple sur ce point ? !
L’umuganda du samedi sera alors attribué à la base de l'armée maritime du Kivu, bien sûr vu la situation actuelle politique grave.
Contre toute attente Aristide reçoit en après midi le personnel des autorités, pour la constatation des dégâts. Cette bonne nouvelle nous laissera un dimanche pour souffler et retrouver l’espoir d’avancer vers la reconstruction de ce chemin.
Surprise, surprise... les autorités!
La nouvelle semaine commence alors sous ce signe d’optimisme avec la présence de la population sur le chantier. C’est à 7 heures pétantes que la journée s’entame dificilement. Aristide malade, Chantal sort son dialecte à elle de Kinyarwanda pour guider et motiver les équipes de 50 femmes plus qu 'hommes, pour le nettoyage, remplissage des sac de terres.
L’association disposait d’une réserve de sacs, que nous remplissons à l’aide de la terre se trouvant en face au marché! Aucun risque d’éboulement, au contraire un aplatissement intelligent du bord de route.
Plus tard nous retrouvons pour notre plus grand soulagement Aristide qui permettra de relayer les directions éprouvantes pour Chantal. Nous continuerons alors la technique des allers retours avec de petits sacs de terres pour remplir les plus gros sacs sur place. La matinée se déroulera dans cette synergie avec de légères contrariétés telles que l’épuisement complet des ressources de sacs et humaines!..
Aristide et Chantal partent alors rapidement pour un ravitaillement express en sacs et collations pour tous.
Il est fort étonnant de voir ces femmes, avec leur bébé dans le dos pouvoir décupler autant d’énergie. De même pour les femmes plus âgées , un travail physique sous le soleil et toujours dans la bonne humeur, c’est du jamais vu.
Elles arriveront même à remonter le moral des troupes dès qu’une personne flanche.
Ce fut d’ailleurs l’occasion de rencontrer un très courageux petit garçon, Samuel. Ma stupeur de le voir courir avec le poids sur sa tête, plus vite que tout le monde, entre la montagne de terre et le chantier. Grand bonheur de retrouver ce gentil bonhomme les jours qui suivent aux écoles d’Inzu Ya Bose et des petits jardiniers pour la première fois.
C’est dans la même atmosphère d’entraide, de rire et solidarité que les 2 autres jours de travaux s’écouleront. Ce n’est pas seulement la joie de pouvoir traverser qui naîtra de cette aventure mais la fierté de cheminer ensemble puis soudés un peu plus ce petit village qui se bat souvent seul dans les épreuves du quotidien.
Mercredi à la fin c’est une nouvelle récompense, cette fois nationale, vécue par le passage des cyclistes finissant la 3eme étape du Rwanda Tour à Rubavu. Nous irons alors avec les enfants au point d'arrivée afin de célébrer et encourager ces sportifs du monde entier.
Sponsors avant les cyclistes! tous au tour du rwanda!
le chemin enfin on passe!