Dimanche 9 mars, la fin de ma mission, mais seulement à Rubona.
Depuis plusieurs jours maintenant, nous préparons un itinéraire dans le but de visiter les autres écoles et lieux que l’association a créées et supportées
Sac à dos, nous voilà pour une dernière balade côtière à moto.
la route vers le foyer
Cela m’inspire et me ramène à l’adage « fais de cette terre un paradis !»
Nous achevons la journée sur une courte balade dans le domaine et l’écoute des chants des sœurs et du prêtre. Nous allons visiter la ferme les nombreux bébés cochons et le coin du miel et des ruches traditionnelles de Bee academy! Ces vibrations sont transportantes et élevantes.
Le lendemain au petit matin c’est une toute autre ambiance, nous souffrons toutes les deux d’un mouvement digestif intense et douloureux, qui n’annonce pas l’assurance d’une journée paisible.
Nous devons reprendre la route pour visiter la petite école des anges qui se trouve à quelques kms de là.
Au moment de partir, la voiture des sœurs s’apprête également à rejoindre la ville, quelle chance! Cependant elles nous déconseillent la route pour y aller, apparement elle est en très mauvais état et on nous dépose à la gare de la ville de musanze Vu notre état de santé nous choisissons de partir directement à Nyagahanga et d’y rester plus longtemps et profiter avec les femmes célibataires.
Embarquées dans un tout petit bus pour 4h30 nous sommes très enthousiastes.. le bruit, le monde, la promiscuité ça ne manque clairement pas d’authenticité.
La route, les collines, des montées, des descentes, encore des virages, de la fatigue et des maux de ventre, ça tourne, j’adopte une position semi confortable et pas très adaptée.. et ça monte malheureusement je ne peux sortir du combi, alors je passe la tête par la fenêtre et vous laisse deviner ce qui suit.....
Sans rentrer dans les détails, 5 minutes plus tard le bus marque un arrêt, un incroyable samaritain arrivé avec une bassine d’eau a nettoyé toute l’aile droite plus très blanche à ce moment… Nous repartons et un peu blême je me sens étrangement bien mieux…
Ça devient long et nous commençons à nous impatienter. Il ne reste normalement que 30 min et Chant plus qu’excitee à l’idée de revoir le village et ses femmes qu’elle n’a pas vues depuis 3 ans. Cause COVID puis sa maladie...
Nous découvrons en contre partie toutes les deux, les incroyables nouvelles routes du nord. On se croirait aux États-Unis. Cette portion est visiblement un peu plus neuve que les autres. C’est grandiose et presque choquant!
Au moment d’arriver à côté du village le décalage comme souvent est très frappant.
À la descente de l’autobus, étonnant, il n’y a personne pour nous accueillir. Ya t’il eu un souci de communication lorsque Aristide a prévenu de notre venue ?
Peu importe, nous marchons quelques mètres et l’entrée du chemin est sur la droite.
Malgré la joie d’être de retour pour Chant.... l’atmosphère est étrange, le soleil et la chaleur sont accablantes.
Personne ne semble venir à notre rencontre.. nous marchons quand nous apercevons au loin un homme vêtu d’une belle chemise et pantalon.
Je me demande comment il a atterri ici si bien habillé dans ce petit village très calme.
Il nous aborde en anglais , c est un ougandais, et nous faisons alors connaissance avec un nouveau « Padiri ». Super il nous escorte et accueille gentiment jusqu’à la demeure principale de la paroisse.
Le deuxième prêtre nous rejoint et nous continuons les présentations. Ils sont tous les deux nouveaux et n’ont aucune idée de ce dont nous parlons.
Très bizarre pour un si petit endroit où toutes les bâtisses se trouvent à 2 minutes de marche les unes des autres. Ni connaissance de nos écoles ni des mères célibataires !
Nous demandons alors si les enfants de nos maternelles sont actuellement en cours afin d aller les saluer. Ensemble nous partons à l’école et là .. stupeur … tremblement.
L’atmosphère calme de l’arrivée se confirme et s’amplifie. Nous arrivons sur une scène post-apocalyptique....Nous découvrons une scène accablante ... la cour de récré anciennement aussi jardin potager est vide et plus du tout entretenue, des papiers et bouteilles sont par terre. C’est sale, vide et triste. Le grillage est coupé et complètement détruit. Les installations aux abords de l’école cassées, nous continuons d’avancer...nous ne voyons personne.
L’émotion et le désarroi montent et n’est rien comparé à l’état des classes actuelles. Des posters, matériels, jeux, décorations et les beaux pupitres, il ne reste que de vulgaires bancs mal arrangés, un tableau noir piteux et des vitres cassées. Incompréhensible, nous attendons des explications et un éclaircissement sur une situation pareille.
Il semble inimaginable que des cours aient toujours lieu dans ces salles si misérables. Le sol est poussiéreux, et tout est en fouilli. Même la petite salle des professeurs est complètement saccagée, il reste sur le sol des lambeaux de ce qu’on pourrait appeler « bureaux ». Plusieurs bouts de bois cassés jonchent le sol.
Nous sortons et allons découvrir en face l’atelier des femmes transformé en une grand salle de classe! .. Très peu aux normes également. .. Là aussi les vitres sont cassées. On a l’impression d’assister à un endroit abandonné depuis des années.
Il semblerait que le précédent père responsable n’aurait ni entretenu ni soutenu les actions entreprises par l’association active et présente depuis 12 ans ... Au contraire aurait-il causé la perte de ce lieu ?
Nous ne pouvons le conclure encore, mais cherchons des réponses avec toutes les personnes passant demandant un historique, des explications.
Tout le monde semble gêné et personne n’est capable de nous éclairer sur la situation que l’on considère dramatique. Que ce soit pour les enfants ou les femmes, mais également pour le devenir de ce projet.
Il faudrait tout recommencer, tout reconstruire, racheter du matériel. C’est hors de question, du moins pas dans ces conditions.
Ce projet a été l’un des premiers entrepris il y a 12 ans par Sarahmoon. C’est très dur de voir le travail et la vision de cela anéantis sans avoir été mis au courant ou n’avoir constaté un déclin.
Au Rwanda, il semble vraiment compliqué de faire tenir des lieux sans un responsable investi sur place.
Les deux pères semblent désolés devant notre désarroi et les larmes de chant ...pour nous, c irréel ..nous restons choquées qu’ils n’aient pas été mis au courant et n’aient pas plus d’informations depuis leur prise de poste 2 ans auparavant...En plus la paroisse aussi depuis 2 ans est fermée, de ce fait nous ne voyons pas comment ils occupent leurs journées?? La communauté semble livrée à elle même et abandonnée.
Rien de tout cela n’a de sens, nous décidons d’écourter et de rentrer.
Avant notre départ, quelques femmes arrivent avec de l’artisanat. Chant est heureuse de pouvoir les revoir mais la désolation de la situation est très difficile à encaisser.
Nous comprenons également qu’elles travaillent chacune seule de leur côté.
À nouveau, ce n’est absolument pas le but de la mission ici. Les femmes célibataires avaient justement un atelier ensemble elles étaient réunies pour s’entraider, travailler, se soutenir, échanger et souder leur liens. Il se nommait confiance, travail, espérance! Ainsi à ce niveau il y a beaucoup à rattraper et redresser.
Nous prenons les contact et discutons avec les pères afin de trouver un moyen de relever la situation. En définitive ils pourraient les accueillir 2 à 3 fois par semaine dans l’une des salles inoccupées de leur paroisse, espace juste à côté.
Affaire à suivre mais nous devons absolument recadrer tous ces points.
Permettront-ils de réformer un groupe de soutien entre ces femmes et le reste de la communauté? Actuellement peu occupés nous espérons que les 2 curés puissent prendre part activement dans cette mission et gardons leur numéro pour se faire. L'un d’entre eux, aimablement nous reconduira à Kigali après une journée de défaite à bien des égards.
Des leçons sont à tirer de ce moment mais d’abord tout est à digérer. C’est lourd et émotionnellement bouleversant.
L’artisanat sera mis en vente rapidement, mais de nouvelles structures, fonctionnement et suivis seraint à mettre en place si l’on souhaite continuer le soutien à Nyagahanga.
Nous en parlerons en Belgique au père Ugo, vice président et à Freddy qui connait bien l'endroit et les femmes, nous enverrons un courrier à l'ancien curé et à l' évêque....QUID....