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Fabrice and co, le trio infernal!

par Sarahmoon 11 Mars 2025, 19:33

au temps béni, Grâce et Erissa

Grâce au feu et à la cuisine!

Entre deux, voici venir les informations tant redoutées et annonçant un grand virage pour les 3 ados! En ce qui concerne notre trio infernal, je ne viens pas avec des nouvelles encourageantes ni rejouissantes. Alors que nous pensions être sur une pente remontante avec ces ados en formation, pour Grace et au travail en tant que stagiaire à l'école pour Fabrice, et jardinier pour erissa, c'est plutôt la grande descente voire la fin.

Nous avons décidé de cesser d'investir une énergie énorme pour eux qui n'ont ni motivation ni reconnaissance du temps passé pour eux. Des épisodes malencontreux ont démontré que Fabrice n'est pas encore prêt à profondément changer.

Le travail fut fait jusqu'à ce qu'il ait assez d'argent pour s'acheter son téléphone Android bien au delà de ses possibilités et besoins. Il n'avait que ça en tête et malheureusement ça le lui a tellement rempli qu'il a oublié tous les beaux efforts qu'il avait accomplis...

Nous étions alors prêts pour notre sortie dominicale à Rubavu et coulions tous les trois une journée tranquil. En milieu d'après-midi, Fabrice rappelle l'offre qu'il aurait trouvé auprès d'Airtel, un smartphone à 9000 Franc Rwandais. Nous imaginons pas cela possible mais cherchant la confiance réciproque nous partons ensemble après la messe dans la rue commerçante. Nous nous faisons alors rapidement accoster par ces vendeurs non-conventionnels aux appareils parfois douteux. Dans le même temps nous nous rapprochons des véritables magasins pour connaitre les prix neufs et d'occasions. Pour le modèle recherché, prix de départ 30 000 , s'en suit la traditionelle négociation ramenant l'appareil à 15 000 FRWD. Le prix est intéressant et abordable mais toujours pas celui annoncé par Fabrice, et donc au-dessus de son budget.

Nous retournons à Rubona et bien-sûr la deception l'habite et pourtant nous tentons de lui faire comprendre par tous moyens qu'il n'est plus très loin. Il ne reste que très peu de jours de travail pour obtenir le montant. Malheureusement c'est tout de suite et maintenant qu'il veut l'obtenir. Il m'explique alors qu'il doit retrouver un vendeur qui lui a promis le smartphone. Il semble que cela devient une question de vie ou de mort, mais cette histoire ne sent pas bon du tout. Hors de question, ce qui raconte ne semble pas mener à un achat sérieux.... affabulations et délires obsessionnels..

Nous tentons de le raisonner et après 1 ou 2 heures dehors dans son coin, sans doute à imaginer des subterfuges afin de retourner en ville, qu'il regagnera son lit en venant frapper a la porte..

Il partira alors au petit matin et nous l'apercevons en éclair alors que nous étions tous réunis pour l'umuganda. Finalement ce n'est que peu déçu de le revoir nous passer devant, téléphone en main. Qu'il ne rejoigne pas la population pour les travaux, peu de suprise, téléphone en main, nous n'avons plus que peu d'intérêt à ce jour pour lui. Et c'est bien cela le plus douloureux.

Cependant le lendemain une fois la batterie de l'appareil vidé il fit apparition. Nul mot si ce n'est "batterie - téléphone".
L'école n'est clairement pas une station de charge et encore moins un moulin. Nous l'avons alors envoyé au travail et gardé son téléphone pour inspection.

Au moment de le rallumer bien plus tard, imaginez notre stupeur de voir que le fond d'écran était la photo d'une jeune fille, donc vraisemblablement un téléphone de contrebande.

Nous pourrions l'encourager d'avoir économisé suffisamment pour se l'offrir mais en aucun cas de participer à un potentiel vol.

S'en suit une grande discussion où il n'avoue rien mais semble extrêmement tendu face à notre remarque. Nous refusons alors de le lui rendre sans d'avantage d'explications. La tension monte, les larmes aussi, nous comprenons peu à peu que la peur l'habite. Papa Olivier le jardinier que nous avions élu, à tord ou à raison; notre sage de référence , n'arrive même pas à le calmer qu'une rixe entre eux éclate. Ca ne durera pas longtemps avant que nous intervenions et décidons de le mettre dehors.

Nous avons beaucoup à préparer, entre les aléas du chemin, la compétition prochaine pour l'école des jardiniers et un autre important projet dont nous ne tarderons pas à vous l exposer.

Nous nous devons de nous recentrer vers ces objectifs et le coeur de la mission.

Entre temps, de la sorcellerie arrive dans cette histoire, où l'ami de Fabrice a les yeux gonflés au matin car le vol a causé cet effet . Ce qui nous permet de confirmer cette action illégale de leur part, et d'insister sur sa résolution le plus rapidement possible.

Plus tard nous recevrons la visite de Fabrice et de son complice réclamant à nouveau le téléphone. Cette fois ci nous accepterons seulement à la suite d'une déposition et photos prises, afin de suivre l'affaire et la reconduire aux services de polices compétents si l'appareil n'était pas remis au propriétaire d'origine.

Nous ne pouvons continuer de l'avoir auprès des enfants en tant qu'exemple de la sorte. Les plus jeunes ne doivent surtout pas s'associer à ses comportements dans leur évolution... Tout ce sait rapidement dans ce village, d'autant plus lorsqu'il s'agit de jeunes comme lui, proches des enfants.
Du côté de Grâce, c'est par un manque de responsabilité et dégradation dans son assiduité qu'elle décidera de ne pas continuer.
Nous l’avons ré accueillie début février, présentant excuses et léger discours de motivation. Moins d'un mois plus tard nous constatons que ce n’était que des mots. C’est en effet une jeune entrant en période d’adolescente, avec comme tous les autres une vie familiale tendue. Parrainée par l’association depuis son enfance, le travail scolaire fut abandonné. Grâce a conscience qu’elle doit donner son meilleur pour agir et améliorer sa vie.
Alors que nous rentrions un peu plus tardivement que d’habitude après une journée de mission en ville, nous retrouvons une maison fermée, et Grâce absente partie avec les clés. Nous l’avons ratée de très peu et passons alors deux heures à sa recherche. C’est Aristide, accompagné du chef de zone qui l’a trouvée devant la télévision avec 'une copine au rond point à quelques minutes de chez elle... Le lendemain loin de vouloir sévir de suite, nous entamons une nouvelle réunion afin d’exposer simplement les faits et pouvoir discuter raisonnablement avec elle.
Nous gardons bien-sûr un ton austère important à ce niveau qu’elle prenne conscience de sa responsabilité n’ayant qu’un jeu de clés pour la maison. Elle a 16 ans et les discussions et réflexions se doivent d’évoluer. Un stage d'hôtellerie par chant est organisé et qui sait à la suite de son passage à la maison pour tous, un engagement au Kivu Parc. Nous la prenons au sérieux et attendons qu’elle fasse de même.
Assise face à nous, la tête dirigée vers le bas, elle se plaça alors en victime. Nous apprenons alors que son oncle la frappe dans le cas où elle rentre après 18h. C’est bien la première fois que nous entendions cela et ne voulons pas tomber de le sentimental sachant qu’elle n’est pas restée chez sa grand mère mais partie rejoindre ses amis par la suite. Émerge un grand manque d'essais avec les solutions que nous lui avons exposées déjà plus tôt dans la semaine sur les possibilités de communications. Il ne s’agit que d’une mise à pied où nous espérons recevoir des excuses et une lettre à la suite.
Tristement, les passe-temps en dehors l’éloignent de ce chemin. Est-ce que la formation hôtellerie n’était pas trop éloignée de son quotidien ? Je suppose que cela ne lui permet pas de voir au delà de sa vie actuelle, de la maisonnée occupée par 14 frères et sœurs et cousins où elle est l’aînée. Les années précédentes, comme certains d’entre vous le savent, ayant arrêté l’école, d’autres formations professionnelles ont été engagées et financées ...qu'elle a préféré arrêter. Il est évident quelle soit plus intéressée d’être avec ses copines, flâner et regarder des séries en tout genre, mais cela n'est pas la solution pour améliorer sa situation actuelle.
Sous l’aile de Sarahmoon, elle ne parvient à se dynamiser avec ce qui lui est offert. La porte reste ouverte dans le cas où elle pourrait prouver de ces vœux.

Grâce continue alors de trainer dans la rue et n'est clairement pas avec son entourage.

Elle ne reviendra pas non plus vers nous et ne pourrons faire un pas de plus pour l'aider.

En ce qui concerne Erissa... suite à son accident il a montré aussi son désintérêt et l'absence totale de considération pour l'association. Nous apprenons qu'il raconte des allégations fausses et salissantes sur le travail que l'équipe réalise.

Le coeur du projet est principalement pour les enfants de 3 à 12 ans. Ces adolescents déjà au delà épuisant et centralisant notre attention ne peuvent plus anéantir le reste de la mission. Ce n'est pas évident, mais il s'agit maintenant de leur dire au revoir. Au revoir d'un état d'esprit changé ou au moins une volonté de le faire.

C'est aussi le moment de comprendre, surtout à cet âge que nous devons soutenir au mérite et non au pardon éternel. Ainsi une page se tourne pour continuer d'écrire avec ceux qui veulent réellement continuer. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui manque dans les classes. Bon nombre d'enfants viennent avec envie d'apprendre et de grandir.