Un début de séjour dans la douceur du repos et la joie des retrouvailles,… malgré un nouveau coup du sort.
Chan est repartie au Rwanda.
Le temps de retrouver une amie chère de Kigali et de passer quelques jours à se reposer des suites d’un covid long, elle s’est rendue à Gisenyi où l’attendaient Aristide et Anastase. La veille de son arrivée une pluie torrentielle a inondé Inzu na boze, la Maison pour tous. Pas question d’y grimper sur le petit chemin escarpé, à cause du sol détrempé, et encore moins d’y loger.
Elle a donc dû trouver refuge dans un petit pavillon de l’Eden Garden,
un hôtel au prix modique qu’elle connaît bien, en face de l’ancienne école.
Voici quelques perles tirées de son journal
Lundi 31 octobre
Petite perle..
Ce matin 31 octobre j'arrive à me lever enfin tôt le matin et faire une première brasse dans le lac Kivu, c'est fabuleux. Un peu essoufflée je m'assure sur une pierre un moment à regarder les petits cailloux les poissons, l'horizon, la maison, les mille Collines, l’ancienne école... J'entends des voix … mama Chantali et mama chantali......
D'où, je ne sais pas d'où elles viennent … je tourne la tête et fais des signes de la main en l'air, sans savoir qui les verra à cette distance.
Tout à coup j'aperçois au loin, bien réelles, trois petites têtes de fourmis émergeant de l’eau ... trois enfants dauphins qui s'approchent en nageant plusieurs centaines de mètres pour me rejoindre. Je reconnais Samuel 10 ans, un autre 9 ans, et un autre 14 ans qui viennent me saluer.
On se dit bonjour mais le petit Samuel n'ose pas se montrer et reste allongé à plat ventre dans l'eau car il n'a pas de slip. Justement ce matin, dans une des trois valises de vêtements et d’objets emportées de Belgique, j'ai vu un beau petit calebar orange pétant, emballé tout neuf. Je vais jusqu'à la chambre le chercher en escaladant les pierres, les cailloux, les rochers. Ils me disent « doucement, doucement ». Je retrouve le maillot idéal pour Samuel qui peut alors se joindre à nous. L’un d’eux me montre un petit crabe minuscule, des petits poissons qui, me disent ils, deviendront gros. Je leur montre un petit morceau de pierre transparente comme de la nacre et je les regarde à travers ce minuscule morceau de verre. Fanuel, le plus grand ramasse dans l'eau un reste de fond de bouteille poli par les vagues et en fait une lunette … nous éclatons tous de rire. On joue à la balle avec le citron de mon petit-déjeuner. Puis le grand le mange, pas les petits, c'est trop fort.
Mais il me reste au fond de mon sac un tout petit morceau de chocolat du temps de mes tasses de café et voilà. Je leur dis d’aller à l'école maintenant et de bien travailler. Ils me disent « oui il faut bien écouter, bien regarder et on comprendra tout ce qu'il y aura au tableau ». Bravo.
Puis les trois petits dauphins rebroussent chemin à la nage jusqu' à la rive en face!
Mardi 1er novembre
Hier était difficile car j ai trop fait, j ai voulu marcher jusqu’à la ville porter les fleurs de Toussaint au jardin de Sarah, devant notre maison où elle a vécu enfant. Je ne l’ai plus trouvé au bord du lac et me suis mise à chercher un nouvel endroit. Ne trouvant pas de place convenable, j allais quitter. Après tout, elle est partout …cela vaut-il le coup?
Puis un immense papillon blanc m’a survolée et à cet endroit j ai commencé à creuser un jardin pour me recueillir, réchauffée de sa présence...c’est mon signe d’elle à sa maman éternellement...
Jeudi 3 novembre
Les petits bouts Erissa et toute sa bande viennent d'arriver sur de petits esquifs construits avec des bouteilles en plastique! Des vrais petits moussaillons à l'imagination débordante pour me rejoindre vaillamment par le lac. Je vais leur dire bonjour au bord de la pelouse où ils ont amarré, ils me disent « school school mama Chantali ».
Oui c'est un appel...ce dimanche soir... Ce mot school, alors que chez nous les gosses re chignent à aller à l'école, ils supplient d'y aller! C une peine à entendre, merci Mon Dieu de me renouveler cet appel d’autrefois ... je n’arrive pas encore à travailler ni à m’occuper d’eux. C'est la première fois que je me lève et c’est pour eux. Erissa a grandi, forci, il est en veste déchirée, short qui ne ferme pas, déchiré de partout, les vêtements à fenêtres! Il me dit il a besoin de manger à l 'école, de cahier, d'uniforme! C ok, Anastase va s'en charger! On deal qu' il vienne arranger le potager de l'école, il pourra emmener fruits, légumes chez lui!
C un deal minimum pour rester à l'école et étudier !

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